Pour un éco-aéroport à Rennes-Bretagne

Avant-Propos

Ici comme ailleurs, en vue de sauver le monde, la tentation décliniste pénètre certains esprits. Ceux-ci rêvent d’un retour à la vie champêtre, aux chants mélodieux des oiseaux et au geste auguste du semeur… rêve enchanteur et nostalgique d’une vie rurale fantasmée. 

Mais nous pensons qu’il est possible de préserver les libertés chèrement acquises par l’humanité (voler et parcourir le monde enfin) sans se soumettre aux « sacrifices expiatoires » prônés par les prosélytes d’un « Eden » retrouvé. 

Nous mettre hors du monde, réduire notre champs d’action,  ne nous protègeront ni de la convoitise, ni de la pauvreté. Le déclin comme le repli sur ses terres n’offrent ni perspective, ni enthousiasme mais condamnent inéluctablement les jeunes générations à dépendre des plus entreprenants et des plus puissants.

La lutte radicale contre les nuisances liées à l’activité humaine, axée sur quelques objets  livrés à la vindicte (l’avion par exemple), peut conduire à des excès contre-productifs.

Au contraire, nous pensons que l’on peut lier production de richesses – essentielles pour conserver notre autonomie –  avec la lutte contre l’ensemble des nuisances humaines liées pour le principal à la combustion « explosive » des énergies carbonées.

Dans un monde ouvert, éclairé par la connaissance, il nous faudra donc lutter à la fois pour la préservation de la planète et pour l’action féconde. 

Pour accompagner cet objectif, l’ADARB favorable au développement de l’aéroport de Rennes-Bretagne suggère quelques propositions pour installer en Bretagne le premier aéroport éco-responsable et durable de France.

 

Un nouveau Contrat de Délégation de Service Publique (CDSP)

Le CDSP actuel, rédigé dans la perspective de l’ouverture de Notre-Dame-des-Landes, n’est plus économiquement et écologiquement en adéquation avec les nouvelles donnes du marché aéronautique et de la protection du climat. Économiquement, le cadre de gestion est dénoncé par les Cours des Comptes nationale et régionale. En effet, par divers procédés, les bénéfices de cet équipement public sont en grande partie reversés à des actionnaires privés, au détriment des investissements pour les services aux usagers, l’infrastructure, le développement de lignes et à la mise en place d’un plan « climat ». 

Nous demandons aussi que certaines charges imposées par la région Bretagne à la SEARD (Société d’Exploitation des Aéroports de Rennes et Dinard) et destinées à maintenir artificiellement une activité aérienne à Dinard – condition négociée pour le maintien sur site de la Société privée Sabena Technics – soient retirées du CDSP.  

C’est pourquoi, pour se préparer aux évolutions inéluctables à venir, l’ADARB se prononce pour un nouveau contrat de délégation de service public (CDSP)

Dès maintenant, la région Bretagne,  propriétaire, doit préparer un nouveau contrat ambitieux, conciliant développement du trafic et protection de l’environnement pour 2024, terme de l’actuel contrat.

Ci-dessous quelques éléments suggérés par l’ADARB pour le prochain CDSP :

A. Au niveau de l’aéroport lui-même :

  • Installation de bornes de solutions de compensation carbone à disposition des passagers dans l’aérogare à l’image de ce qui a déjà été mis en place dans l’aérogare Roissy-CDG. Illustration N° 3
  • Aménagement du parking P1 (900 places) en centrale solaire à l’image de ce qui a été réalisé à l’aéroport de Montpellier permettrait une large autonomie électrique de l’aéroport de Rennes. Investissement estimé par l’ADARB à 4 Millions d’€ (soit la moitié de celui de Montpellier) Illustration N°2.
  • Installer sur le tarmac des stations de carburant d’aviation durable
  • Valorisation de la biodiversité sur les réserves foncières de l’aéroport : adhésion de la SEARD à l’association « Aéro Biodiversité ». 
  • Solliciter des partenariats scientifiques locaux, etc. 
  • Sanctuarisation des 150 hectares d’espaces enherbés de la zone aéroportuaire permettant ainsi de casser la continuité urbaine dans le sud-ouest de l’agglomération et de lutter contre les effets de l’ilot de chaleur lié à l’urbanisation. En même temps, cette sanctuarisation permettra de protéger la faune et la flore des étangs d’Apigné  en accord avec le projet de Rennes-Métropole « Vallée de la Vilaine ».
  • Financer une politique de reforestation métropolitaine – à l’exemple des Aéroports de la Côte d’Azur associée à des communes avoisinantes et à l’ONF –  qui permettra à terme de compenser les émissions de CO2 causées par la hausse du trafic.  
  • Nouveau plan d’exposition au bruit pour limiter les nuisances sonores, en collaboration avec les associations riveraines. Des propositions simples et efficaces ont été faites et méritent d’être étudiées attentivement. 
  • Installation d’un système de monitorage bruit et trajectoires (à l’usage du public)

B. Au niveau de l’aérogare elle-même :

L’ADARB a bien noté les efforts entrepris par les gestionnaires de l’aéroport et son engagement environnemental. Nous les encourageons dans cette voie.

C. Au niveau du tarmac :

  • A l’exemple de l’Aéroport de Beauvais l’aéroport de Rennes adhère à la certification ACA et se situe actuellement au niveau 2, nous suggérons que des démarches soient entreprises pour atteindre le niveau 3+ c’est à dire la neutralité carbone sur le site de l’aéroport.
  • La création d’une alimentation 400Hz enterrée pour les avions et/ou un investissement dans les engins de piste électriques. 

D. Fixer des objectifs de fréquentations plus importants, pourquoi ? :

  • Pour éviter des déplacements routiers coûteux et polluants vers Nantes-Atlantique il faut favoriser les liaisons directes vers les principales destinations domestiques.En 2019, plus de 700.000 voyageurs en provenance de Haute-Bretagne se sont déplacés à Nantes Atlantique pour prendre l’avion. Ce chiffre est largement sous-estimé. En effet, il faudrait y intégrer les Mayennais, Normands et Costarmoricains qui se rendent également à Nantes (en passant en voiture à quelques kilomètres de l’aéroport de Rennes d’ailleurs). Au bas mot, ces déplacements inconsidérés et potentiellement évitables vers Nantes, engendrent au moins 85.000 kg de CO2 tous les ans dans l’atmosphère. De plus, cette concentration à Nantes Atlantique surcharge le réseau routier local et participe à la saturation du périphérique nantais. 

  • Pour offrir des vols directs à destinations euro-méditerranéennes :
    Aller de Rennes à CDG (en TGV ou avion) pour partir à destination de Casablanca par exemple est une erreur écologique quand on peut à ce jour décoller directement de l’aéroport de Rennes-Bretagne pour le Maroc. De la même façon, le coût écologique d’un Rennes-Rome via Amsterdam pourrait être réduit sensiblement en vol direct Rennes-Rome. Ainsi, une amélioration de l’offre de nouvelles lignes au départ de Rennes vers des destinations euro-méditerranéennes contribuent à la diminution des rejets carbonés. De plus, l’augmentation de l’offre aérienne à Rennes a toujours été suivie avec succès par la clientèle.
  • Pour créer les conditions nécessaires à des pré-acheminements en transports en commun à Rennes-Bretagne  (Propositions N°3 du « Cahier des Propositions). En plus de la proposition N°3 il faut noter que les Nantais viennent d’annoncer, à grand renfort de publicité, la mise en place dans quelques années d’une halte SNCF entre la gare de Nantes et l’aéroport Nantes-Atlantique. Or, les Rennais disposent déjà d’une halte ferroviaire à Rennes-Aéroport. Alors pourquoi ne pas en faciliter dès aujourd’hui l’emploi en organisant un cheminement en site propre pour les passagers vers l’aéroport ?

En conclusion, pour l’ADARB : 

A. Sur un plan global

Si l’efficacité se mesure en coût des mesures prises rapporté à la réduction des quantités émises dans le temps le plus court possible, nous souhaitons une écologie saine qui se préoccupe d’efficacité, procède d’une transformation graduelle de la croissance industrielle intensive en production de CO2 vers une croissance industrielle verte. Elle est enracinée dans le réel, c’est-à-dire, maintenir la création d’emplois à un rythme suffisant pour continuer à absorber les nouveaux arrivants sur le marché du travail tout en relevant le défi de la baisse des émissions de gaz à effets de serre. De plus en cette période de post-pandémie, la création de richesses, plutôt que le ralentissement économique, est la meilleure façon de répondre au poids de la dette.

B. Sur un plan local

Nous sommes pour un pragmatisme écologique et économique plutôt que de freiner, voire diminuer le trafic aérien, de promouvoir le « Oui, mais pas chez moi» (on laisse l’aérien, ses atouts et ses nuisances à d’autres, Nantes par exemple) et de compromettre notre accessibilité internationale. 

En résumé 

Pragmatisme écologique et économique plutôt que de freiner, voire diminuer le trafic aérien, et de compromettre l’accessibilité internationale de la Bretagne et de la métropole rennaise en particulier.

– Un nouveau CDSP, novateur sur les questions écologiques, et surtout avec un véritable modèle économique de service public, qui mobilise les profits au service des investissements sur le réseau de lignes, les infrastructures et les actions de compensation écologique.